Vous je ne sais pas, mais moi, pendant le premier confinement, j’ai lu avec délice tous ces témoignages de femmes qui, loin du regard des autres, se sont laissées aller, petit à petit. Libérées de la pression sociale, qui nous pousse à être toujours désirables, du saut du lit à l’instant où nous nous glissons sous la couette, ces femmes ont retrouvé peu à peu le chemin vers leur naturel. Adieu contraintes, soutiens-gorges et maquillage, bye bye teinture et talons hauts, cloîtrées chez elles, ces femmes ont peu à peu abandonné toutes ces obligations auxquelles nous sommes nombreuses à nous soumettre, chaque jour. Et alors que toutes ou presque, nous prétendons que « nous ne faisons pas ça » pour les autres, pour les hommes, une fois loin des hommes, loin des autres, nombreuses ont été celles qui ont réalisé que finalement : si. Le regard des autres est bien plus déterminant que nous voulons bien l’admettre, dans notre société ultra esthétisée. La presse féminine n’a pas tardé à s’emparer du phénomène du laisser-aller (ou lâcher-prise, selon les avis) et ce sont surtout les femmes aux cheveux blancs qui ont envahi les couvertures. Une nouvelle mode joyeusement quinqua naissait du premier confinement.

Mais le plus bel article que j’ai lu sur cette libération cosmétique, c’est l’histoire d’une femme qui raconte comment elle a reconquis… sa pilosité. Tapez « femme poils confinement » dans n’importe quel moteur de recherche, vous aurez largement de quoi vous occupez ! Mais la valeur ajoutée de l »article dont je parle (et dont j’ai hélas oublié la source) est que la narratrice avait placé au centre du récit la sensualité du poil. À la lire, la plus douce des peaux n’égalera jamais le soyeux d’un poil qui pousse librement. Et on la sentait presque elle-même étonnée lorsqu’elle décrivait le plaisir qu’elle prenait à passer la main sur ses mollets poilus ! Très sobrement, elle évoquait aussi l’étonnement de son compagnon au début de sa mutation en femme à poils, puis les jeux qu’il était parvenu à inventer, en intégrant les nouveaux attributs de son amante. Elle concluait sur la douce caresse du tissu sur cette pilosité retrouvée, et bien qu’écrit dans un style dépouillé, on lisait dans ses mots une sensualité du naturel à laquelle elle-même ne s’était pas attendue.

Un peu comme si, en la ramenant ainsi vers sa nature animale, ces milliers de petits poils la transportaient vers des plaisirs inimaginés, car inimaginable tant qu’elle se contraignait à en supprimer l’expression la plus primaire…