Récemment, j’ai demandé à un amant potentiel ce qu’était un homme cérébral. Il m’a répondu que c’était un homme qui avait un cerveau à la place du sexe, je lui ai rétorqué que je cherchais l’inverse, et nos chemins se séparèrent, sans rancœur.

Irais-je donc à l’encontre de cette nouvelle tendance, ces hommes et femmes pour qui l’intelligence primerait sur le physique ? Au point que sur certains sites de rencontres, le terme « sapiosexuel » a fait son apparition il y peu. Ce qui, à l’heure où l’image semble prédominante, autour de nous, paraîtrait presque rassurant.

Difficile donc d’imaginer une catégorie « sapio » sur les sites pornographiques, même si j’ai pu lire que les sapiosexuels connectés se partageaient notamment des dessins érotiques. Personnellement, j’ai un peu de mal à trouver excitante l’image d’une femme léchant un cerveau, ou celle d’un homme chevauchant un livre, mais passons (lu sur le site de Marie-Claire). 

Je dois quand même admettre que mes plus beaux fantasmes, je les ai vécus au cours de joutes écrites sur des sites de rencontres. Lorsque je sors sur mes sites préférés pour me changer les idées, je refuse de regarder les photos. Parce que, quoi qu’ils fassent, certains hommes ont un physique qui ne me fait pas rêver (ce qui n’engage que moi et mes goûts personnels bien sûr) alors que leur culture, leur esprit, leur humour, bref : leur intelligence, est susceptible de me scotcher à mon clavier pour de longs échanges aussi délicieux qu’excitants. Certaines conversations avec des inconnus sans visages ont eu, dans ma vie, bien plus de puissance que les préliminaires les plus habiles, voire même me conduire à des jouissances bien réels.

Il n’y pas (encore) de chiffres exacts, à ma connaissance, mais il semblerait que les sapiosexuels soient majoritairement des femmes, ce qui s’expliquerait par le côté plus visuel des hommes. Il est d’ailleurs amusant de constater que, dans une émission de télé-réalité qui parle d’amour, l’animatrice conseille entre-temps aux candidats de sélectionner leur prétendante sans regarder la photo, dans un premier temps, les globes ayant plusieurs fois prouvé leur suprématie sur les lobes !

Selon le sexologue Patrick Papazian, « avant, chacun disait ‘je rêve d’un homme ou d’une femme beau, intelligent, romantique…’ ; le fait que le sapiosexuel se fasse connaître, se revendique même, témoigne du recul de l’intelligence dans le classement des attributs attendus ! » (lu sur le site de lci).

Je ne peux pas tout à fait lui donner tort. Car autant dans le virtuel, l’intelligence m’excite, dans la vraie vie, je n’ai rien contre un bon petit coup de bourrin de temps à autre…