Nous parlions lubrifiant, récemment, avec une copine. Le corps féminin est en effet ainsi fait que parfois, on sèche. Au propre plus qu’au figuré. Si le monde sexuel exige que l’homme durcisse et la femme mouille, force est de constater que parfois, ça ne fonctionne tout simplement pas. Pavillon en berne et cale sèche, ces deux écueils ne facilitent pas le coït, c’est certain. Et ce quel que soit la composition du couple, physiologiquement parlant. Car ce qui est valable pour l’hétéro-normaté l’est aussi pour l’homo, quel que soit son sexe. La seule chose qui diffère sont les alternatives envisageables.

Peu nombreuses pour les homme. On ne cite plus la fameuse petite pilule bleue, généralement associée à des amants d’âge que nous qualifierons d’avancé (j’ai eu un amant en fauteuil roulant, douloureusement jeune et douloureusement impuissant après un accident, qui m’avait expliqué, en colère presque, comment il pourrait se servir de sparadraps et de garrots si, vraiment, je tenais à être pénétrée. J’avais renoncé).

Pour les femmes, les solutions sont bien plus nombreuses, presque aussi nombreuses que les raisons qui font de notre intimité un désert sans oasis. Hormones, fatigue, maladie, ou tout simplement : des ébats épuisants, du début à la fin de notre vie sexuelle, les passages à sec ne sont pas rares. Sauf que bien sûr, comme pour tant d’autres choses, le sexe se complique parfois tout seul la vie, et rares sont celles qui préfèrent ne pas aborder le sujet, même entre copines. C’est comme pour la fréquence des rapports : personne n’osera dire qu’un coït mensuel lui suffit largement (et après tout, pourquoi pas?) de même que personne n’osera parler bandaison molle et vulve en feu. Pourtant, d’après moi, nous gagnerons toutes à parler, entre femmes mais aussi avec des hommes, mais passons !

Comme pour la fréquence, la « mouille », comme on dit vulgairement, fait partie de ce domaine flou qu’est le fantasme. Allez sur n’importe quel site de rencontre un peu coquin, et si vous êtes une femme hétéro, soyez sûr que les hommes vont vous demander si vous portez string et talons, et surtout : si vous mouillez. Dans ce domaine, la femme fontaine n’est que l’apothéose, si j’ose dire, de cette image de la femme qui mouille. Donc qui jouit. Parce qu’en fait, c’est ça : pour un homme (et pour les femmes aussi) : ce joli jus qui nous habite est le signe que : tout va bien. Qu’on a envie. Qu’on est accueillante. Qu’on prend notre pied. Bref : qu’on aime le cul et qu’on profite et aussi : qu’on le désire lui, le mâle qui nous gratifie de son mât fièrement dressé (désolée ! J’ai la métaphore marine ce matin!)

Mais au-delà du fantasme, il y a aussi cette réalité, qui participe pleinement à cette bulle sensuelle que sont les rencontres sexuelles : le bruit gourmand, le goût de nous sur les doigts et la bouche de l’autre, cette douceur, cette chaleur inégalable d’un vagin bien trempé, sans oublier (et je risque de casser l’ambiance) : sans oublier que clairement, trop sec, parfois, ça fait juste mal !

  • En même temps, pour moi le lubrifiant c’est quand même un tue-l’amour, me disait cette copine.

Je vais vous dire ce que je lui ai dit à elle à savoir que NON !!! Mais non mais pas du tout ! Bon, déjà, comme je l’écrivais plus haut, en tant que femme nous avons bien plus de solutions que les hommes, et si je ris encore de la tête qu’a dû faire la mère d’un amant de jeunesse en découvrant là tête de la plaquette de beurre, un jour, j’avoue être de celle qui ne se lasse pas de la vue d’un homme qui crache dans ses doigts « pour mieux te caresser, mon amante ». Mais j’ai aussi, mais j’ai surtout des tubes de lubrifiant un peu partout dans mes sacs, mes valises, et bien sûr dans mon appartement. J’en ramène de tous mes voyages, j’en ai du bio, du purement végétal, j’évite les trucs trop chimiques mais on fait des choses géniales avec des herbes, mon préféré restant un gel au thym, qui fait de moi la parfaite cocotte (ou poulette, selon le convive). Parce qu’autant je suis d’accord sur le fait que le préservatif, effectivement : bof, autant le gel, pour moi, fait partie intégrante des jeux que j’aime jouer. Le lubrifiant, bien utilisé, c’est ludique, sexy, confortable, Et parfois incontournable.